Espèce

Le balbuzard et le pygargue, deux espèces fragiles

Ces deux rapaces emblématiques des forêts, des milieux humides et marins sont dans un statut de conservation défavorable. La connaissance de leur biologie et de leurs exigences écologiques est primordiale pour cibler les actions de conservation à mener.

Comment reconnaître le Balbuzard pêcheur ?

© Ciro De Simone

LE RAPACE MASQUÉ

Le balbuzard possède des yeux jaune-orange perçants, et un bec crochu noir avec une base bleutée. On le reconnait surtout au masque foncé couvre ses yeux et se prolonge jusque dans le dos. Son ventre est blanc et il porte un collier brun, absent ou peu marqué chez les mâles.

DES ADAPTATIONS POUR LA PÊCHE

On reconnaît sa silhouette en vol par ses ailes arquées, lui permettant de faire du surplace au-dessus de l’eau. Ses pattes longues et robustes sont projetées en avant lorsqu’il plonge, et ses serres incurvées l’aident à attraper les poissons.

Comment reconnaître le Pygargue à queue blanche ?

DIFFICILE DE CACHER SON ÂGE

Le jeune pygargue possède un plumage sombre moucheté de blanc, une queue avec des plumes blanches bordées de noir, et un bec gris avec une base jaunâtre. D’un brun plus clair, les adultes ont une tête et une poitrine pâles, un bec et des pattes jaunes massifs, et une queue blanche. L’iris sombre des jeunes s’éclaircit au cours du temps, devenant le regard jaune perçant des adultes.

DES CRIS D'ORFRAIE

Particulièrement bavards, les couples communiquent en poussant des cris perçants à l’origine de l’expression populaire « pousser des cris d’orfraie ». Ils retentissent au loin lors des parades nuptiales des adultes.

© Frans Pelsmaekers

Quel est leur habitat ?

LES FORÊTS ET LITTORAUX DU BALBUZARD

La population continentale de balbuzards affectionne particulièrement les forêts : les nids sont le plus souvent construits au sommet d’un arbre dominant, à proximité d’une zone humide dans laquelle il va se nourrir. En Corse, les balbuzards nichent sur des falaises littorales : leurs nids surplombent la mer, dans laquelle ils vont pêcher leurs proies.

Lors de la migration, les oiseaux stationnent régulièrement dans des milieux humides et l’hivernage a lieu plusieurs mois sur les côtes d’Afrique de l’Ouest. Quelques oiseaux, souvent en provenance de pays plus au nord, passent leur hiver en France. Les oiseaux insulaires ont une migration limitée au bassin méditerranéen, certain sont même sédentaires.

© thierry67 et joningall
© Anthony Kohler

LES ÉTANGS FORESTIERS DU PYGARGUE

Les couples français de pygargues nichent dans des forêts calmes : leurs nids sont construits dans des arbres de haut port et abrités sous la cime. Ils sont installés proches de zones humides dans lesquelles ils peuvent pêcher des poissons ou chasser des oiseaux d’eau.

Dans d’autres pays, les populations nichent parfois sur des îlots rocheux en bord de mer, ou font des nids en falaises. Les pygargues sont des migrateurs partiels : les jeunes ont la bougeotte ! Une fois partis du nid, ils entament de longs trajets exploratoires dans toute l’Europe, et hivernent dans des zones humides où la nourriture est présente.

Où les observer ?

LES BASTIONS DU BALBUZARD

Les principaux bastions du Balbuzard pêcheur sont situés en région Centre-Val-de-Loire, dans le Grand-Est, et sur la côte ouest de la Corse jusqu’au Cap Corse. Une population en cours de formation est présente dans les Landes grâce à un ambitieux programme de translocation.

Le meilleur endroit pour observer des balbuzards est l’Etang du Ravoir, en forêt d’Orléans, où l’espèce est revenue nicher naturellement en 1984. Un observatoire permet d’observer un nid et le comportement des oiseaux. Des permanences y sont organisées tous les dimanches après-midi de mars à août par Loiret Nature Environnement, un acteur historique de la conservation du balbuzard.

© Benoît Quintard
© Dominique Lorentz

LE ROI DES LACS ET DES ÉTANGS

Les quelques couples de Pygargues à queue blanche nichent principalement à proximité des lacs et des étangs de Lorraine, où l’espèce est revenue nicher en 2011, de Champagne-Ardenne, de Brenne et de Sologne.

L’espèce est difficile à observer en période de reproduction et hautement sensible aux dérangements, il vaut mieux privilégier l’hiver pour espérer croiser les oiseaux sédentaires et les quelques hivernants de passage. La majorité des observations hivernales sont faites sur les grands lacs de Champagne, mais des oiseaux sont également réguliers sur les étangs des Landes.

Quelles menaces pèsent sur les aigles pêcheurs ?

HALTE AUX DÉRANGEMENTS

Les œufs et les poussins sont très fragiles. Laissés sans surveillance lorsque les adultes s’envolent à cause de dérangements, ils risquent d’être prédatés ou de subir des températures mortelles.

DES COLLISIONS MORTELLES

Malgré une très bonne vision, les aigles pêcheurs subissent des collisions avec les lignes électriques et les pales des éoliennes, et peuvent s’électrocuter sur des pylônes électriques mal isolés.

QUI VEUT LA PEAU DE L’AIGLE PÊCHEUR ?

La protection intégrale des rapaces depuis les années 70 a permis le retour des aigles pêcheurs. Des destructions illégales sont pourtant toujours observées, par tir ou par empoisonnement.

DES ARBRES FRAGILES

Des nids d'aigles pêcheurs sont régulièrement construits sur des arbres morts dépérissants, avec un risque élevé de chute en cours de saison de reproduction, qui pourrait être amplifié par les changements climatiques.

Pourquoi les protéger ?

Classées parmi les espèces prioritaires pour les actions de conservation en France, les aigles pêcheurs sont des espèces parapluies : leur préservation bénéficie à d’autres espèces qui fréquentent les mêmes milieux. Leurs fonctions écologiques de régulateurs des populations de poissons ou d’oiseaux d’eau, et de fertiliseur des forêts, se rétablissent en même temps qu’eux.

Protéger et restaurer les forêts et zones humides qu’ils utilisent, c’est également investir dans des services écosystémiques essentiels à notre société : maîtrise des crues, épuration de l’eau, recharge des eaux souterraines, régulation du climat …

© Fabrice Cahez et Antoine Dusart

DECOUVRIR L’ENSEMBLE DES PNA ANIMÉS PAR LA LPO

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